Suite à la lecture de cet article proposé par Elsa dans mon groupe Facebook, j’ajoute ma réflexion et mon expérience sur le sujet.

https://mobile.allodocteurs.fr/actualite-sante-vous-ne-ressentez-aucun-plaisir-a-faire-du-sport-on-a-compris-pourquoi-_9170.html?fbclid=IwAR0-Tmu_cKSV7Aaw4Kw_Fhnko3aqemttAuuFt4kRp45PzCtlWNpsBkTgnYQ

Il m’est très difficile de dire l’effet qu’a eu le baclofene sur mon rapport au sport. Mais plusieurs choses sont à noter:

J’étais dans ce cas des gens qui ne prennent pas de plaisir dans le sport ou l’activité physique de manière générale.

Dès mon plus jeune age, avant même de prendre du poids (à 12/13 ans), j’étais déjà « paresseuse », lourde, sans grande énergie et avec une grande tendance à m’isoler. Je sais maintenant d’où cela vient et ce n’est pas psychologique, c’est ce fameux déficit en neurotransmetteur gabaB, que le Pr Ameisen nomme « dysphorie » cf « Le dernier verre » Pr Olivier Ameisen.

Chaque boulimique ou hyperphagique va tenter de trouver une ou des techniques compensatoires, sa propre façon de lutter contre la conséquence des crises: la prise de poids. Certains vont se mettre en alternance restriction/crise, parfois même en alternance anorexie/crise. On commence à comprendre enfin que l’anorexie est une des version de l’addiction, car ces périodes apportent un tel sentiment de puissance que cela procure des « shoots » d’adrénaline auxquels ont peut aussi devenir accro. D’autres vont « choisir » les vomissements, ou encore les laxatifs ou faire des régimes, comme moi. D’autre encore vont choisir le sport, c’est d’ailleurs souvent le cas chez les jeunes et encore plus chez les jeunes hommes. La encore, on remarque que cette technique compensatoire peut devenir chez certains une addiction.

Je n’ai jamais choisi l’une de ces techniques compensatoires, comme beaucoup d’hyperphagiques, chacune de mes tentatives étaient un échec. Je n’ai jamais voulu (ni pu) vomir, je n’ai jamais pu jeûner car je voulais montrer l’exemple à mes enfants, de repas équilibrés , et je n’ai jamais pu ni eu le temps, ni l’envie de passer des heures au sport avec mon métier de commerçante et de mère de famille.

Avant de me soigner, j’étais en obésité sévère. Faire du sport avec 40 kilos de trop, s’apparente à une torture réelle. Ce n’est pas qu’une impression ou un ressenti.

Le médecin qui m’a prescrit le baclo est un médecin du sport. C’est le premier qui m’a dit que ce n’était pas parce que je n’avais pas de « volonté » face à la nourriture, que je n’en avais pas pour faire du sport. Il m’a fait 2 ordonnasses. Une pour mon baclo et une autre: 10 mn de marche rapide, un jour sur 2, sur un tapis de marche (que j’ai du ressortir du garage). C’était tout ce que j’étais capable de faire avec mes 40 kg de trop. Toute ma vie, je n’ai fait du sport que lorsque je tentais un régime, une thérapie…et je stoppais à chaque échec. Cela a duré jusqu’au jour où j’ai commencé le baclofene.

A partir de là, tout a changé, progressivement. Je savais que j’avais de la volonté pour plein de choses dans ma vie, mais pas pour la malbouffe. Je me suis rendue compte que finalement j’avais de la volonté pour faire ces 10mn, même si je souffrais et transpirais.

Et puis, j’ai été soignée par le médicament. Les kilos ont alors commencé à partir lentement , puisque je ne faisais plus de crises d’hyperphagie et que je mangeais « équilibré » tel que me l’avaient enseigné les dizaines de diététiciens, nutritionnistes et endocrino que j’avais consulté. J’avais enfin la liberté, le choix de plus manger ces aliments qui me tuaient et m’alourdissaient.

Alors le sport est devenu moins difficile. J’étais de moins en moins lourde. Et puis j’ai appris une nouvelle alimentation, celle de la naturopathie, cette alimentation qui alcalinise l’organisme et le désenflamme. Alors j’ai commencé à ne plus avoir de douleurs articulaires, au genou, au dos…

Aujourd’hui, je fais du sport 3 fois par semaine, avec plaisir: le mardi matin, je fais une séance de sport/musculation légère avec ma petite Maman, chacune à son rythme et avec « charges » adaptées. Et nous faisons 2 heures de marche sur la colline l’après midi. Le jeudi matin, je vais dans une petite salle de sport (qui n’a pas fermé pendant le confinement) . Et le samedi, je fais de l’aquagym dans une association handisport (qui a une dérogation également) où chacun fait selon ses possibilités et je peux assurer que c’est là qu’on voit la volonté des gens. J’ai rarement vu autant de motivation que dans cet endroit.

Ces 3 séances hebdomadaires sont un plaisir pour moi mais sont loin d’être une addiction, certainement grâce au baclofene qui est efficace sur TOUTES les addictions.

Je ne cherche pas à dépenser des calories puisque je ne fais plus d’excès alimentaires, plus de crises. L’activité physique que je pratique m’apporte un bienêtre indéniable, une souplesse dans mes mouvements. Je le mets sur le même plan que les 2 autres piliers de la santé: le sommeil et l’alimentation, ni plus ni moins.

  • Un mardi matin, séance de sport avec ma Maman et mon petit fils. Le difficile exercice de la chaise: des cuisses en béton !

Extrait de l’article cité au début

« Les adeptes du sport régulier le savent : l’exercice physique intensif procure une sensation de bien-être. Il active la zone de la récompense, ce qui se traduit par la libération de dopamine, l’hormone du plaisir et d’endorphines. Cette libération liée au sport en rend certains totalement accro. Pour eux pas une semaine ne se passe sans un footing ! D’autres en revanche restent insensibles à cet effet, n’y voyant que souffrance inutile. « L’incapacité à ressentir du plaisir lors de l’activité physique, souvent citée comme une cause de non adhésion partielle ou totale à un programme d’exercice physique, indique que la biologie du système nerveux est bel et bien en jeu », explique Francis Chaouloff, directeur de recherche (Inserm 862, Université Bordeaux Ségalen). Ce sont ces mécanismes neurobiologiques sous-jacents de cette inactivité physique que les chercheurs ont cherché à identifier.Ils ont ainsi découvert le rôle important joué par une protéine, le récepteur des cannabinoïdes CB1, spécifiquement dans le cadre d’une activité physique. Et montré sur la souris que la localisation de ce récepteur avait une incidence sur sa motivation à accomplir ou non un exercice physique.

Il est en effet situé sur des terminaisons de neurones GABAergiques (des neurones utilisant comme neurotransmetteur le GABA), dans une aire cérébrale associée aux systèmes de motivation et de récompense.

La stimulation de ces récepteurs aboutit à l’excitation des neurones dopaminergiques impliqués dans la motivation. En l’absence de récepteur CB1, les performances sont diminuées de 20 à 30% en raison d’une motivation moindre. Autrement dit, s’il n’y a pas de récepteur, l’individu est moins motivé pour réaliser un exercice physique. Plus précisément, la stimulation des récepteurs CB1 inhibe la libération de GABA. Or le GABA inhibe les neurones à dopamine associés aux processus de motivation et de récompense, ce qui signifie qu’au final, il y a moins de GABA, plus de dopamine, et donc un sentiment de motivation et de récompense. Sans récepteur, le GABA continue de freiner les neurones dopaminergiques, ce qui est associé à un manque de motivation pour l’activité physique. « Si cette hypothèse motivationnelle est validée, ce récepteur jouerait donc plus un rôle dans l’adhérence à l’exercice que dans les performances physiques stricto sensu », expliquent les chercheurs. Aux médiateurs connus du plaisir et de l’addiction associés à la pratique régulière du sport, s’ajoute donc désormais le rôle important joué par les cannabinoïdes CB1 dans les processus motivationnels liés aux performances physiques. Cette découverte peut réjouir ceux qui préfèrent leur canapé au sport : à quand un médicament stimulant les récepteurs et nous motivant pour faire du sport ? Mais la « paresse sportive » n’étant pas une maladie, ils devront trouver d’autres astuces pour pratiquer une activité physique régulière ! »

Source : « Ventral Tegmental Area Cannabinoid Type-1 Receptors Control Voluntary Exercise Performance », Biological Psychiatry, 12 décembre 2012, doi:10.1016/j.biopsych.2012.10.025