La liberté : le graal tant recherché par les addicts

Ce matin, je réponds à une personne sous traitement baclofène pour soigner un TCA , Trouble du Comportement Alimentaire, ici l’hyperphagie, qui se demande si , ce qu’elle vit actuellement, c’est la guérison tant attendue. Elle se soigne depuis quelques mois, et sa route a été compliquée. Voila son message, ma réponse suit :

Valérie : « Cela fait une dizaine de jours que je suis « sage », c’est comme si j’étais tranquillement chez moi et que personne ne venait me solliciter, m’importuner, me déranger ou frapper à la porte ! Ça fait tout drôle. Je me demande si c’est ça, si « j’y suis » ?! Depuis pas mal de temps que mon alimentation a changé et que je n’ai plus d’envie de malbouffe du style Nutella etc. Mais je vais surtout craquer sur du fromage, du choc à 85% et des fruits secs en grande quantité. Cela fait 10 jours que j’ai décidé de les éviter et ça ne manque pas tant que ça je me sens « sage » et « raisonnable ». Alors je me demande si c’est ça cette liberté dont tu parles ?

Hier soir bonne grosse dégustation de fougasse (farine d’épeautre) et j’ai senti cette sagesse et la raison me quitter ! J’ai pensé à ce que tu disais un jour, que les gens « normaux » faisaient parfois aussi des petites sorties de route mais sans conséquence parce qu’ils savent finalement s’arrêter. Et je me suis demandé comment allait être ma journée d’aujourd’hui ! »

Ma réponse : « C’est exactement ça que j’appelle la liberté! tu as mangé de la fougasse mais ça ne t’a pas menée vers une crise!!!! Ne cherche pas une perfection qui serai une erreur, ne te sens pas coupable d’en avoir mangé, ne te dis pas que tu n’aurais pas du etc. Dis toi que hier , tu as été une personne « normale » capable de manger quelque chose sans engloutir la totalité et surtout sans être obligé de manger ensuite plein d’autre choses. Hier à l’apéro dinatoire des voisins, j’ai mangé ce que j’avais apporté, et parmi les trucs bien « pourri » qu’ont apporté les autres, j’ai choisi de manger un muffin au chocolat. La voisine qui l’avait fait, était heureuse de me voir en manger, J’estime que quelque chose qui a été fait avec amour par quelqu’un , vaut la peine de rentrer dans mon ventre. Par contre , sans AUCUN regret, j’ai pas mangé des chips industrielles, de coca, de pizza achetée.

C’est ça pour moi la liberté! et ça ne remettra pas en cause ma perte de poids! Ce qui aurait été le cas avant où j’aurai culpabilisé, et puis hop , foutu pour foutu… Alors que ce matin, je me sens bien, je ne suis pas lourde parce que j’ai choisi plutôt ce que j’ai fait moi (sans farine) et que mon corps a la capacité (merci à lui) de « traiter » sans aucun probleme une petite quantité d’aliments pas top.

La perfection est une des facettes de la personnalité des boulimiques, hyperphagiques, qui font tout en trop, en trop grand, ou en trop fort. La vie dans notre société nous oblige à entretenir des liens avec la malbouffe, sinon, il faudrait vivre en ermite au fond d’une grotte.

Alors, quoi qu’il se passe aujourd’hui, aime toi, soit fière de toi, de ton parcours, de la volonté que tu mets dans ton traitement, et de tout ce que tu as mis en place autour, pour ton microbiote. Tu commences déja à récolter… »